Livrets d’opéra 1945-1970 : de la reconstruction à  la contestation

Livrets d’opéra 1945-1970 : de la reconstruction à  la contestation

L’après 1945 est pour l’opéra une période de grandes mutations et de tensions. D’une part, on assiste à  la réouverture des maisons d’opéra affectées par les hostilités, avec la reprise du grand répertoire, tandis que naissent de nouveaux festivals d’opéra et des œuvres nouvelles mais l’élargissement du répertoire au-delà  du langage tonal et la redécouverte des œuvres du passé vient d’organisations événementielles qui donnent l’exemple aux institutions. Elles abandonnent peu à  peu un répertoire jugé trop conventionnel et des pratiques scéniques désuètes mais la création lyrique reste soumise au cahier des charges des grandes maisons qui mettent un frein à  de nouvelles écritures scéniques. Les éditeurs de musique continuent de publier des œuvres commandées par des institutions nationales. Leurs livrets adaptent souvent des « pièces toutes faites » auxquelles des hommes de lettres ou des compositeurs apportent leur caution, écrivant parfois leurs propres livrets. S’ils s’accommodent d’une certaine modernité et investissent les champs social et politique, leur musique reste fidèle à  des esthétiques anciennes d’où des tensions entre livret et musique.

D’autre part, à  l’exception du Royaume-Uni, l’opéra en tant qu’institution est rejeté comme citadelle du conservatisme bourgeois émanant d’une culture liée à  la montée des périls dans les années 1930. Pour certains compositeurs qu’animent l’utopie européenne et le désir de construire un monde meilleur, le genre apparaît comme une insulte à  la création. Certains novateurs manifestent peu d’intérêt pour le genre et préfèrent écrire des œuvres pour le concert où la voix est associée à  de petits ensembles orchestraux atypiques. Leurs futurs opéras expriment la singularité de leur auteur et leurs choix esthétiques. Dans les années 1960, la contestation de l’institution et l’adhésion à  une nouvelle utopie culturelle favorisent l’émergence du théâtre musical, autre façon de considérer l’opéra, qui témoigne du désir de renouveler le genre lyrique et d’explorer de nouveaux rapports entre musique et littérature.

Ces tensions et mutations posent la question du rôle et de la place de l’opéra dans la société de la deuxième moitié du XXe siècle ? Reflète-t-il toujours le monde environnant et dans quelle mesure ? Peut-il ou doit-il se tenir à  l’écart des débats politiques et sociaux du moment alors que théâtre et danse les reflètent de manière plus immédiate ?

Revue consultable en ligne à  l’adresse suivante : http://lisa.revues.org/6207



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