Du 10 au 12 septembre 2013
4es Journées de La Baule
jeudi 12 septembre 2013,
, , , ,Au XVIIIe siècle, la matière est par bien des aspects une idée neuve en Europe. Si le siècle précédent est celui de l’invention moderne de la nature, désormais comprise comme l’ensemble des phénomènes obéissant à des lois, il devient alors impossible de reculer devant la question ontologique sous-jacente, qui est celle de l’éventuelle synonymie entre naturalité et matérialité. D’o๠la présence quasi obsédante d’un matérialisme philosophico-scientifique qui, souvent interprété comme un motif polémique et anti-théologique, est peut-àªtre d’abord à comprendre comme le produit d’une rationalité qui assume jusqu’au bout son projet d’objectivation de la nature. Ontologiquement conséquent, ce matérialisme ne pouvait à son tour que soulever la question de ses suites pratico-métaphysiques, ouvrant la voie à un fatalisme renouvelé, parce que ne découlant pas directement de fondements théologiques.
Ce colloque s’interrogera sur « la conséquence matérialiste  » au XVIIIe siècle, l’expression étant à prendre en un double sens, et produira une double question, épistémique et pratique : Plutà´t qu’un motif idéologique, le matérialisme n’est-il pas le produit d’une raison assumant jusque dans ses dernières conséquences, et garantissant du màªme coup, son projet de connaissance ? Et quelles sont les conséquences pratico-métaphysiques du matérialisme concernant la question de la liberté ? Cette réévaluation des deux motifs que sont le matérialisme et le fatalisme philosophiques pourrait bien contribuer à dessiner la figure d’un XVIIIe siècle hautement métaphysicien, y compris – ou surtout – lorsqu’il se veut le siècle de la critique de la métaphysique.
Deux noms recommandent fortement une telle problématique. Celui de Joseph Priestley, qui soutient explicitement que le matérialisme, qu’il adopte en s’inscrivant dans une tradition hobbésienne, nourrie des apports originaux de Boscovich et Michell, le contraint au fatalisme, et que l’établissement de ce dernier constitue aussi bien une manière de preuve indirecte du premier. Celui d’Emmanuel Kant, qui voit précisément dans cette position de Priestley l’incarnation typique de la plus haute vertu philosophique, qui est la conséquence, et dont une autre mise en Å“uvre doit désormais ouvrir « le seul chemin qui demeure ouvert  », celui, critique, du transcendantal.
Les travaux seront organisés en quatre sections, respectivement consacrées : à la philosophie de langue anglaise (envisagée tout particulièrement au prisme de la réception de Hobbes) ; à la manière dont ces questions ont pu àªtre élaborées dans le champ màªme des sciences de la nature ; à la faà§on dont les matérialistes franà§ais ont envisagé le rapport entre leur thèse ontologique et le problème crucial de la liberté ; et à l’éventuelle spécificité du traitement de ces questions dans l’Aufklà¤rung, de Wolff à Kant. On espère ainsi montrer la fécondité du concept du matérialisme et l’insistance du « problème liberté  » pour une compréhension renouvelée de l’unité philosophique des Lumières.
Avec :
Sophie AUDIDIEÌ€RE, Eric AUDUREAU, Michel BLAY, Patrick CERRUTI, Matteo FAVARETTI-CAMPOSAMPIERO,
Antoine GRANDJEAN, Vincent JULLIEN, EleÌ onore LE JALLEÌ , Michel MALHERBE, Franà§ois Pà‰PIN, Pascal TARANTO, AngeÌ lique THEÌ BERT,
SteÌ phane SCHMITT & Charles T. WOLFE
JourneÌ es organiseÌ es par Antoine GRANDJEAN & Pascal TARANTO avec la participation du CEPERC (CNRS UMR 7304).
Programme complet et affiche à télécharger ci-dessous
Professeur (Philosophie moderne et contemporaine)
Université de Lille
Courrier électronique : Antoine Grandjean
Professeur d’histoire et philosophie des sciences.
Philosophie et sciences à l’à¢ge classique.
à‰pistémologie des sciences de la nature.
Mathématiques à l’à¢ge classique.
Courrier électronique : Vincent Jullien
Histoire de la philosophie anglaise (Locke, Hume, Berkeley, Toland, Collins).
Aujourd’hui : Professeur des universités (Université Aix-Marseile).
Courrier électronique : Pascal Taranto
Maà®tresse de conférences
Philosophie britannique moderne, philosophie analytique de la connaissance
Courrier électronique : Angélique Thébert